Nancy venait de réveiller Mr. Sambre. Elle revint dans la plus grande pièce de l'entrepôt. Une énorme roue mécanique tournait au centre de la pièce. Sur le côté, une dizaine d'enfants dormaient. Nancy les poussa sans ménagement. Quelques uns se réveillèrent en sursaut. Nancy demanda à l'un d'eux :
"Ohé ! Eliot ! Donne-moi l'engin !"
Le gamin, un gringalet de huit ans aux cheveux de couleur paille, ronchonna, puis fouilla sous sa couverture pour en sortir un tournevis. Nancy le remercia, prit le tournevis, puis enleva une des plaques de métal qui tapissaient le mur. Elle prit un énorme sac qu'elle trouva dans la pénombre, puis remit la plaque et rendit le tournevis à Eliot.
Le sac faisait bien un mètre cinquante de longueur. Nancy l'ouvrit, et en sortit une lampe à pétrole. Elle l'alluma, puis sortit le reste du contenu du sac. Il y avait un chevalet, qu'elle déplia. Des toiles ; elle en prit une et la tendit sur le chevalet. Une boîte. C'était tout. La gamine ouvrit la valise. Une palette, des pinceaux, des couleurs...
Elle se mit à l'ouvrage. Elle peignit longtemps, jusqu'à l'aube. Il devait être six heures du matin quand elle éteignit sa lampe.